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Santé, égalité, prospérité !

Au CVD-Mali, nous avons la chance de travailler en ce moment sur de nombreux projets liés à la santé. Il s’agit notamment d’essais de développement de vaccins, d’un essai sur un traitement pour la lèpre, d’études sur la santé maternelle et infantile ainsi que de surveillance et d’analyse du COVID-19 dans les communautés maliennes. Comme toujours, nous réalisons ces projets en collaboration avec un grand nombre de partenaires et donateurs et je leur exprime ici ma gratitude, non seulement au nom de ma propre institution, le CVD-Mali, et le Ministère de la Sante du Mali, mais au nom de mon pays et de ses communautés.

Le fait d’être engagé dans de tels projets veut dire que je passe une grande partie de mon temps sur le terrain avec mes compatriotes. Lors de toutes ces visites, j’ai l’immense privilège d’être invité dans les villages et dans le quotidien des gens. Nous parlons et rions, discutons et débattons. Parfois on me fait part de confidences. Mais chacune de ses conversations est avant tout l’occasion de connaître un peu plus sur les préoccupations, les croyances, les craintes et les espoirs qui guident la vie de nos merveilleuses communautés.

Et ce que j’entends le plus souvent est l’expression d’un espoir simple et humain. Que les enfants puissent vivre et se développer en bonne santé, dans la paix et la prospérité.

Ces occasions sont le seul rappel dont j’ai besoin de l’importance – la nécessité absolue – du travail que nous menons au CVD-Mali. La santé n’est pas et ne doit pas être un luxe, ou un privilège – elle est, tout simplement, un droit. Un droit humain fondamental.

Et pourtant, ce droit reste hors de portée pour tant de personnes.

Avoir la santé veut dire que les habitants d’une communauté seront à même de travailler pour sa prospérité économique, sociale et culturelle

Prof Samba Sow

L’accès à des soins primaires de qualité est essentiel pour tous les aspects de notre vie commune sur terre et constitue une condition fondamentale, sinon la condition de base, de notre capacité à nous épanouir. Mais cela nécessite des investissements – dans le personnel et les prestations de soins de santé, dans une formation de qualité, et dans le maintien de systèmes correctement établis. Une bonne santé signifie que les habitants d’une communauté seront à même de travailler pour sa prospérité économique, sociale et culturelle. En plus, il n’est que la santé qui permet aux gens de profiter des fruits de leur travail.

Santé = équité = richesse

La santé est la principale motivation de tous les changements sociétaux que nous aimerions voir se produire dans nos pays et nos communautés. L’accès aux soins va de pair avec la possibilité d’accéder à l’éducation, au choix et à l’équité.

Par exemple, une fille qui peut se faire soigner a beaucoup plus de chances de recevoir l’éducation qui fera d’elle une femme capable de choisir et d’éduquer les autres à son tour. Par ailleurs, il incombe souvent aux jeunes femmes, de s’occuper des parents âgés si ces derniers n’ont pas accès aux soins dont ils ont eux-mêmes besoin. Un système de santé digne du nom permettrait aux enfants et aux parents âgés d’être soignés comme chacun le mérite, libérant ainsi notre jeune fille pour qu’elle puisse aller à l’école et traduire son bien-être personnel en bien-être pour sa famille et sa communauté.

Comme le dit le proverbe africain, « Éduquer un homme c’est éduquer un individu ; éduquer une femme c’est éduquer toute une famille ». Voici l’idéal.

Mais je sais ô trop bien que cet idéal semble impossible à atteindre pour beaucoup de mes compatriotes. Car la santé, c’est aussi la sécurité. Et le Mali est loin, bien sûr, d’être le seul pays à avoir été marqué par l’insécurité et la violence ces dernières années. Nul besoin de le souligner, mais la nécessité de bonnes prestations de soins est encore plus criante dans les communautés de réfugiés, par exemple, ou dans les zones où le conflit a mis à mal des systèmes et des populations déjà fragilisés.

Pauvreté et mauvaise santé vont de pair

Dans ces régions, comme dans tant d’autres où l’on vit dans la pauvreté, des soins de santé adéquats commencent par les bases : l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Beaucoup trop de personnes doivent encore vivre sans ces nécessités qui, une fois obtenues, représentent un énorme pas en avant dans la lutte contre toutes sortes de maladies.

Tant qu’il y aura une extrême pauvreté, n’importe où dans le monde, la mauvaise santé et les maladies de la pauvreté continueront d’y prospérer

Prof Samba Sow

Car la santé est, bien sûr, inextricablement liée à la pauvreté. Et tant qu’il y aura une extrême pauvreté, n’importe où dans le monde, la mauvaise santé et les maladies de la pauvreté continueront d’y prospérer.

La multitude de problèmes auxquels sont confrontées ces communautés dans leur lutte pour la survie peut sembler insurmontable – tant de choses doivent changer pour que tout le monde puisse bénéficier du droit fondamental à la santé.

Or à mon sens, cela montre la nécessité de se fixer des objectifs clairs et universellement acceptables.

Et c’est précisément cela que fait les objectifs de développement durable de l’OMS – on y voit une liste des mesures à prendre pour traduire des objectifs abstraits en résultats concrets et réalisables pour les habitants de cette planète qui en ont le plus besoin.

Partenaires dans l’action

La crise du COVID-19, qui dure depuis plus d’un an déjà, nous a appris beaucoup de choses.

À mon sens, il y a une ou deux leçons majeures que nous pouvons tirer : la première est que nous pouvons réaliser de grandes choses ensemble si nous travaillons les uns avec les autres dans la solidarité, en mobilisant la communauté mondiale pour travailler à une fin commune. La seconde est qu’un leadership juste et fiable est essentiel pour atteindre ce premier objectif.

Alors que nous célébrons aujourd’hui la Journée mondiale de la santé, je tiens donc à remercier l’OMS pour son rôle de défenseur de ceux qui ont besoin non seulement d’une représentation politique mais aussi de la mise en œuvre pratique de leur droit à la santé.

Je remercie tous ceux qui travaillent sans relâche à essayer de construire ce monde meilleur.

Pour ma part, je dis simplement et humblement que vous pourrez toujours compter sur moi, sur nous, sur toute l’équipe du CVD-Mali ; nous serons vos partenaires dans l’action et dans l’espoir.

Samba O Sow, Directeur général du CVD-Mali