Le Professeur Samba Sow, Directeur Général du CVD-Mali, s’est adressé aujourd’hui aux participants du 4ème Forum Galien Afrique à Dakar, Sénégal.
Au cours d’un panel intitulé L’AFRIQUE SE MOBILISE POUR LA SÉCURITÉ SANITAIRE MONDIALE, le professeur Sow a abordé la question de la communication de crise, ou communication des risques et engagement communautaire.
Interrogé sur sa vision du rôle de la communauté scientifique africaine en matière de communication, de désinformation ou de méfiance, le Pr Sow a répondu :
Pour résoudre ce problème nous devons tout d’abord faire l’effort de comprendre les causes de la méfiance des populations, qu’elles soient culturelles, économiques ou spécifiques à telle ou telle région. Nous ne devons surtout pas commettre l’erreur d’ignorer ou de passer outre les inquiétudes de nos concitoyens. Ce serait tout à fait contre-productif.
La réponse doit être adaptée selon les spécificités de la population que nous cherchons à protéger. C’est en prenant en compte les ressorts particuliers de chaque situation que nous serons le plus à même de convaincre et de sauver des vies.
J’insiste sur ce point. Nous parlons ici de sauver des millions de vie sur le continent africain. C’est pourquoi nous devons unir nos forces avec l’ensemble des parties prenantes afin qu’ils protègent leurs communautés : les responsables politiques, les leaders d’opinion, pour qu’ils engagent le dialogue avec les citoyens sur la base de données scientifiques.
Sans cacher les risques mais en présentant un état de l’art de la situation.
C’est en engageant la discussion avec les populations que nous pourrons convaincre nos interlocuteurs. En leur soumettant les données scientifiques accumulées depuis des décennies par le biais de la presse, par les réseaux sociaux, par la voix de leaders de confiance, nous viendrons à bout des fausses informations. C’est ce à quoi nous travaillons au sein de l’initiative Voix Africaines de la Science.
Nous avons mis sur pied un message clair et fondé sur les meilleures données scientifiques à notre disposition, et nous œuvrons désormais à convaincre les leaders et les populations à travers l’Afrique.
Mais la collaboration scientifique est également une question de capacité. Nous devons être en mesure de produire nous-mêmes les vaccins et les traitements. Ainsi nous pourrons non seulement être plus efficace dans le déploiement de la couverture vaccinale, mais nous pourrons également gérer ces programmes en toute autonomie.
Améliorer maintenant la qualité générale de nos systèmes de santé, aura un effet tout à fait bénéfique sur la confiance des populations dans les interventions de santé.
Enfin ce seront les résultats qui seront les plus parlants. Lorsqu’il deviendra clair pour tout un chacun que les personnes vaccinées tombent moins souvent malade, qu’elles sont moins sévèrement touchées, et moins susceptibles de perdre la vie.
Nos arguments en faveur de la vaccination deviendront de plus en plus audibles à mesure que ses bienfaits seront plus apparents dans les communautés. C’est pourquoi nous devons faire tout notre possible pour élargir la vaccination à l’ensemble des populations, et démontrer localement ses atouts en matière de protection.
L’importance d’une communication efficace ne peut jamais être sous-estimée. Il a fallu du temps, de la patience et une collaboration étroite avec ces communautés pour surmonter craintes et malentendus.
Les vaccins contre la COVID-19 nécessiteront la même patience et le même engagement. L’initiative Voix Africaines de la Science a été créée pour répondre à ce défi.
Le Forum Galien Afrique est une initiative de la Fondation Galien. Fondé en France il y a 50 ans par le pharmacien Roland Mehl en l’honneur de Galien, le père de la science médicale et de la pharmacologie moderne, le Prix Galien soutient, reconnaît et récompense les efforts des scientifiques, des chercheurs et des entreprises qui s’engagent à faire progresser l’innovation médicale ayant le pouvoir de changer la condition humaine. Dans le monde entier, le Prix Galien est considéré comme l’équivalent du prix Nobel de la recherche biopharmaceutique.